Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 juillet 2006 2 18 /07 /juillet /2006 04:48

Je pensais comme celà être fort. Je pensais pouvoir accompagner ma mère avec détermination et optimisme. Lui montrer la vie, cette nouvelle maison accueillante, l'espoir.

Avant de partir, dimanche matin, je me suis enfermé dans l'atelier de mon père. Encore pris par les mâchoires de l'étau, un nouvel outil destiné sans doute à tracer des sillons dans la terre attendait d'être soudé. Partout des vis, des clous, des interrupteurs, des poignées de meubles, des bouts de câbles, de ficelles enroulées, des pots remplis de matières ou translucides et colorées ou épaisses et grasses, des outils abandonnés sur le plan de travail: la vie arrêtée comme si mon père s'en était allé juste déjeuner ou jouer aux boules.

Je me suis effondré. J'ai décroché d'un clou une plaque d'aluminium qu'on trouvait autrefois rivetée devant les fenêtres des wagons "ne pas se pencher au dehors, nicht hinauslehnen". D'anciens wagons destinés à la réforme, il avait tout récupéré jusqu'aux vitres derrière lesquelles mûrissaient encore dimanche ses tomates.

Papa. Papa dont le visage s'illumine quand il aperçoit sa femme "Maman!"

Partager cet article
Repost0

commentaires

H
Patrick, mon père avait aussi un atelier.Je ne suis toujours pas fort lorsqu'une odeur de soude ou de limaille me surprend.Je t'embrasse.
Répondre
H
Je t'embrasse, Patrick  (C'est un bisou de soutien!)
Répondre
M
Je comprends la douleur qui enserre ton coeur et la tristesse qui envahit ton esprit.L'atelier paternel est devenu la petite chapelle où brille la foi qui te rattache à lui, à ses souvenirs qu'il a lui-même perdu.<br /> Être fort ...
Répondre
P
Jean-Yves,<br /> Je me suis demandé si c'était bien l'endroit mais j'ai cédé à la facilité  de dire comme pour me décharger de ce qu'ailleurs on ressentirait comme du "sentimentalisme". En tout cas, merci de me lire et merci d'être là.<br /> Patrick
Répondre
J
Placé dans une situation analogue à la tienne, je sais que je ne suis pas fort et que malgré tout je dois tenir debout - au moins face à eux - : j’ai aussi connu l’épreuve de l’« atelier ». Je préfère ne pas en dire plus. Je me tais. J’enregistre seulement dans ma tête leurs « petits » désarrois quotidiens et me les repasse en boucle la nuit arrivée. J’ai peur.<br />  <br />
Répondre